Je m’appelle Tanjim Chowdhury, artiste et étudiant originaire du Bangladesh, actuellement vivant et étudiant en France. La situation actuelle dans mon pays natal me remplit d’un profond sentiment d’impuissance et de honte. La situation politique au Bangladesh a atteint un point critique, avec des manifestations étudiantes et des demandes pour un système basé sur le mérite, qui ont été accueillies par la violence et la répression. Dans cet article, j’exprime ma solidarité avec les étudiants et j’examine le contexte et les conséquences de leur lutte.
L’Escalade des Manifestations
Les manifestations étudiantes au Bangladesh ont commencé il y a plusieurs semaines, mais la violence a dramatiquement escaladé au début de cette semaine. Les manifestants étudiants ont été attaqués par des activistes de la Bangladesh Chhatra League, la branche étudiante du parti Awami League de la Première Ministre Sheikh Hasina. Cette agression est survenue en réponse aux demandes des étudiants pour un système de quotas basé sur le mérite pour les emplois gouvernementaux, une demande enracinée dans la frustration généralisée envers le système existant.
La Controverse sur le Système de Quotas
La Cour Suprême du Bangladesh a récemment réduit le système de quotas pour les emplois gouvernementaux après que cela a provoqué des troubles nationaux et des affrontements meurtriers entre la police et les manifestants. Auparavant, 30 % des emplois gouvernementaux étaient réservés aux familles des vétérans de la guerre d’indépendance de 1971 contre le Pakistan. La décision de la cour impose désormais que 93 % des emplois gouvernementaux soient attribués sur un système basé sur le mérite, laissant 5 % réservés aux enfants des vétérans de la guerre d’indépendance et 2 % pour d’autres catégories.
La Réponse Répressive du Gouvernement
Pour tenter de réprimer les manifestations, le gouvernement de Sheikh Hasina a imposé un couvre-feu national, qui a été prolongé jusqu’à 15 heures dimanche. La police a reçu l’ordre de « tirer à vue » pour réprimer les manifestations, ce qui a conduit à un nombre de morts croissant, maintenant à 114. Seuls les services d’urgence sont autorisés à fonctionner, et des jours fériés ont été déclarés pour dimanche et lundi.
Un Catalyseur pour l’Indignation
Les manifestations se sont intensifiées suite à une déclaration controversée de la Première Ministre Hasina le 14 juillet, où elle a questionné si les petits-enfants des Razakars (collaborateurs pendant la guerre de 1971) devraient bénéficier du système de quotas si les petits-enfants des combattants de la liberté n’en bénéficient pas. Cette remarque a enflammé davantage les jeunes, déjà aux prises avec des taux de chômage élevés. Avec près de 32 millions de personnes sans emploi ou sans éducation dans une population de 170 millions, la demande d’abolition de la réservation de 30 % pour les familles des vétérans de guerre a gagné en importance.
Le Coût Humain des Manifestations
Les manifestations ont eu un coût humain sévère. Six personnes ont été tuées et des centaines blessées dans les affrontements cette semaine seulement. La décision du gouvernement de fermer toutes les universités—épicentres du mouvement—n’a pas dissuadé les étudiants. Au contraire, elle a conduit à une confrontation tendue, culminant en violences meurtrières jeudi. À Dhaka, des milliers d’étudiants ont affronté la police armée, entraînant plus de 100 décès, y compris un chauffeur de bus et plusieurs étudiants. L’agence de presse AFP a rapporté 39 décès cette semaine, avec les médias locaux confirmant au moins 28 décès jeudi.
Un Couvre-feu National et Ses Implications
En réponse à la violence croissante, le Bangladesh a imposé un couvre-feu national, déployant des militaires et des policiers pour patrouiller dans les rues de Dhaka. Le nombre de morts continue d’augmenter, avec des hôpitaux à travers le pays signalant de nombreuses victimes. L’Hôpital de Dhaka Medical College a reçu 27 corps vendredi, portant le nombre de morts à 114.
Un Message à la Première Ministre Sheikh Hasina
En tant qu’artiste et étudiant, je me sens obligé de m’adresser directement à la Première Ministre Sheikh Hasina. Madame la Première Ministre, bien que vous ayez perdu le mérite d’être appelée « honorable » il y a longtemps, aujourd’hui, aveuglée par l’arrogance du pouvoir, vous avez perdu tout sens du bien et du mal. Vous avez oublié qu’il y a 15 ans, vous êtes arrivée au pouvoir grâce aux votes écrasants des gens du commun du Bengale, et non seulement grâce aux votes de vos sycophantes.
Vous avez rompu vos promesses, et la sympathie que vous avez suscitée en capitalisant sur l’émotion de la perte de vos proches s’est transformée en douleur généralisée pour le peuple du Bengale. Les larmes que vous avez versées pour la perte de votre famille sont devenues une farce, et vos actions ont dénigré votre père et toute votre famille. Vous, qui avez pleuré pour Russel, êtes devenue la meurtrière de milliers de Russel.
Si vous respectiez vraiment la guerre de libération et ses combattants, votre régime serait exempt de corruption. Aucun combattant de la liberté estropié et sans défense n’aurait à mendier, ni aucun combattant de la liberté n’aurait à soudoyer pour obtenir son allocation. Les faux combattants de la liberté ne recevraient pas non plus cette chance.
Votre expérience et votre sagesse sont évidentes, mais vous ne parvenez pas à les appliquer correctement. Combien de sang versé et d’humiliation faudra-t-il pour satisfaire votre soif de pouvoir? Quand votre soif de pouvoir et de sang sera-t-elle apaisée?
Conclusion
La situation au Bangladesh est désastreuse, et les manifestations étudiantes témoignent de la frustration et du désespoir de la jeune génération. Ils demandent justice et un système basé sur le mérite, et leurs voix ne doivent pas être réduites au silence par la violence et la répression. En tant que Bangladais vivant à l’étranger, je me tiens à leurs côtés dans leur lutte pour un avenir plus juste.
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