Une Tragédie Inspiratrice
Le 16 décembre 2020, un événement tragique au Bangladesh a profondément marqué mon travail artistique : le viol et le meurtre d’une jeune femme en pleine célébration du Jour de la Victoire. Cette journée, censée symboliser la liberté et la victoire, révèle la cruelle ironie de la condition des femmes dans notre société. Si même en ce jour de fête, les femmes ne sont pas en sécurité, quel sens cela donne-t-il à notre victoire ? La brutalité des agressions sexuelles et des meurtres de femmes est omniprésente dans les médias, mais rarement suivie de justice. Trop souvent, les victimes sont accusées de leurs propres malheurs à cause de leurs vêtements ou de leur apparence.
Les Bijoux : Beauté et Stigmatisation
Les femmes aiment porter des bijoux pour se sentir belles et s’exprimer. Cependant, dans de nombreuses cultures, elles sont contraintes de renoncer à ces ornements à cause du harcèlement sexuel. Certaines personnes pensent à tort que les femmes se parent pour attirer les hommes, oubliant que la beauté et l’élégance peuvent être des actes de self-care et d’expression personnelle.
Il est important de comprendre que toutes les femmes ne se présentent pas jolies pour attirer les hommes. Même si certaines le font pour un homme spécifique, cela ne signifie pas qu’elles cherchent à attirer tous les hommes. Dans les espaces publics comme les bus ou les marchés, des hommes n’hésitent pas à toucher les parties privées des femmes, ce qui traumatise beaucoup d’entre elles, les poussant à éviter de sortir de chez elles. De nombreuses femmes sont obligées de se voiler et de porter des burqas dès leur jeune âge. Certaines familles pensent que marier les filles tôt peut éviter ce type d’incident.
Dans le sous-continent indien, les bijoux ont aussi une importance économique pour les femmes. Lors des mariages, elles reçoivent des bijoux en or ou en argent, symboles de sécurité financière pour celles qui ne gagnent pas d’argent.
La Réinterprétation des Bijoux par Mon Art
Face à ces injustices, j’ai conçu une collection de bijoux fabriqués à partir de vis, épingles, clous, canettes et céramiques. Ces matières brutes et tranchantes bouleversent l’idée traditionnelle du bijou comme simple accessoire de beauté pour en faire un outil de défense. Ces bijoux ne sont pas jolis mais une armure. À travers mon travail, je propose que les bijoux ne soient pas seulement des ornements, mais aussi des instruments de protection, apportant une sécurité mentale et physique aux femmes.
Dans mon imaginaire, ce n’est pas la femme qui protège ses bijoux, mais elle porte des bijoux pour se protéger, pour se défendre. Personne ne la touche sans son consentement. Aucune femme ne devrait cesser de faire ce qu’elle aime ; elle devrait pouvoir porter la robe qu’elle veut. Personne ne la force à faire quelque chose qu’elle n’aime pas ou à se marier avant d’être préparée physiquement et mentalement.
Inspiration Artistique
Mon œuvre s’inspire de la sculpture de Christelle Familiari, “La Panoplie de Défense”, et des bijoux contemporains de Karl Fritsch. Au FRAC Franche-Comté, j’ai visité une exposition où “La Panoplie de Défense, épaule droite” de Familiari, faite de fil de coton, de perles synthétiques et de pointes en porcelaine, m’a particulièrement touchée par son mélange de fragilité et de forme défensive. Ces artistes m’ont inspirée à imaginer une nouvelle forme de bijou, où la femme ne protège pas ses bijoux, mais se protège avec eux.
La Liberté de Choisir
À travers « Bijoux de Défense », je souhaite que chaque femme puisse choisir librement ce qu’elle veut porter, sans crainte ni jugement. Je ne suis pas contre les vêtements religieux, mais contre l’obligation et la stigmatisation des femmes pour leurs choix vestimentaires. Personne ne devrait être forcé à renoncer à ce qui lui plaît, ni accusé pour son apparence. Mon art est un appel à défendre et à protéger les femmes, à leur permettre de s’exprimer librement et à punir les véritables coupables de la violence et de l’injustice.
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