La couture : une tradition et un métier au Bangladesh
Au Bangladesh, la couture est bien plus qu’un simple métier : c’est une part essentielle de la vie quotidienne, un savoir-faire transmis de génération en génération. Les femmes de mon village, y compris ma famille, se consacrent à la confection de divers articles comme le nakshi kantha, le chadar et des mouchoirs. Cette tradition artisanale est ancrée dans notre culture, coexistante avec une industrie textile prédominante où beaucoup de femmes travaillent pour des salaires modestes. Elles fabriquent des vêtements pour des marques de renommée mondiale, des pièces qu’elles ne pourront jamais se permettre de porter elles-mêmes.
Conditions de travail précaires
Pour ces femmes, travailler dans l’industrie textile est crucial, car cela leur permet de gagner leur propre argent et de soutenir financièrement leur famille. Cependant, les conditions de travail sont souvent précaires, avec des salaires insuffisants et une sécurité négligée. Cette double réalité – l’importance du travail et les difficultés qu’elles rencontrent – est au cœur de mon travail artistique.
L’impact sur mon travail artistique
En 2020, un événement a particulièrement marqué ma réflexion artistique. L’achat d’un rideau pour un projet m’a révélé que ce simple objet avait été fabriqué au Bangladesh. En tant que Bangladaise vivant à l’étranger, cette découverte m’a profondément émue et inspirée. J’ai ressenti une connexion immédiate avec les femmes de mon pays et leur travail acharné.
Célébrer et honorer les femmes bangladaises
Dans mes créations, je cherche à célébrer et à honorer le travail des femmes bangladaises. Chaque jour, en chemin vers l’école des Beaux-Arts à Besançon (ISBA), je ramasse des pièces métalliques que je trouve. Depuis 2018, je collecte également des canettes de boissons pour leur métal plus malléable. Je les découpe en formes diverses et les intègre dans mes œuvres, symbolisant ainsi la résilience et la créativité des femmes de mon pays.
Les vêtements de mes œuvres brillent de mille feux, leurs couleurs éclatantes attirant le regard. De loin, on pourrait penser qu’ils sont faits de métaux précieux, mais en réalité, ce sont des canettes de boissons portant les marques du capitalisme. À travers mes créations, je veux rappeler qu’il faut parfois s’approcher pour vraiment comprendre. Les femmes sont pauvres économiquement, mais elles sont riches de leur courage, de leur effort et de leur amour pour leur famille. Trop souvent, nous jugeons sans réellement connaître. Les apparences peuvent être trompeuses, et la vérité n’est pas toujours ce que nous croyons savoir.
L’influence de cette dualité – le travail essentiel des femmes et les défis qu’elles affrontent – se manifeste dans chaque pièce que je crée. Mes œuvres ne sont pas seulement des objets esthétiques ; elles portent en elles des histoires de lutte, de survie et de triomphe. En utilisant des matériaux recyclés comme les canettes de boissons, je mets en lumière l’idée que même ce qui semble insignifiant peut être transformé en quelque chose de précieux et de beau.
Le rituel créatif de la collecte
En ramassant des pièces métalliques et des canettes de boissons, je cherche à réutiliser ce qui est considéré comme des déchets pour créer de l’art qui interpelle et inspire. Les couleurs éclatantes de mes œuvres ne sont pas seulement une attraction visuelle ; elles représentent l’esprit indomptable des femmes bangladaises. Leur capacité à briller malgré les adversités est une qualité que je veux capturer et transmettre à travers mon art.
Le fait de travailler avec ces matériaux m’aide aussi à raconter une histoire plus large sur la durabilité et la réutilisation. Dans un monde où la consommation rapide et le gaspillage sont monnaie courante, je veux montrer que chaque élément, chaque détail, peut avoir une seconde vie et une nouvelle signification.
Mon parcours quotidien vers l’école des Beaux-Arts à Besançon est devenu une sorte de rituel créatif, où chaque pièce de métal trouvée, chaque canette ramassée, est une étape de plus vers la création de quelque chose de significatif. Ce processus de collecte et de transformation est une métaphore de la façon dont nous pouvons tous prendre les aspects apparemment banals ou négligés de notre vie et les transformer en quelque chose d’extraordinaire.
En fin de compte, mon art est une célébration de la force et de la créativité des femmes bangladaises. Chaque vêtement, chaque œuvre que je crée, est un hommage à leur résilience et à leur esprit. Ils rappellent que, malgré les défis économiques et sociaux, ces femmes possèdent une richesse intérieure inestimable.
La véritable valeur dans les détails invisibles
À travers mes créations, j’espère encourager les spectateurs à regarder au-delà des apparences superficielles et à apprécier la profondeur et la complexité de ce qui se cache sous la surface. Les histoires que je raconte par le biais de mon art sont autant de témoignages de la capacité humaine à trouver la beauté et la signification dans les endroits les plus inattendus.
Ainsi, en regardant mes œuvres, je vous invite à vous rapprocher, à observer attentivement et à découvrir les vérités cachées derrière les matériaux simples et les apparences trompeuses. Car en fin de compte, la véritable valeur réside souvent dans les détails invisibles et les histoires silencieuses qui attendent d’être découvertes.
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