Dans mon travail artistique, je m’efforce de capturer la vie complexe et souvent méconnue des femmes bangladaises. Inspirée par mes propres expériences et observations personnelles, je souhaite mettre en lumière les défis auxquels les femmes de ce pays font face au quotidien.
La Vie des femmes au Bangladesh : Réalités et Résilience
Bangladesh est un pays démocratique, mais malheureusement, la sécurité des femmes y est souvent compromise. Les voyages solitaires sont dangereux, le harcèlement sexuel est monnaie courante, et trop souvent, les femmes ne peuvent pas rester dehors tard. Même les femmes sont privées de leur liberté de choix et d’action. Et surtout, parfois, nous n’avons même pas la liberté de prendre nos propres décisions. Souvent, on entend que « tu es une femme, tu ne pourras pas faire ci, tu ne pourras pas faire ça ».
Les femmes à travers mon art :
Au cœur de mon travail artistique se trouve le Portrait d’une femme sans visage, une métaphore puissante de la façon dont les femmes sont souvent réduites à des rôles stéréotypés, sans individualité ni voix propre. Mes sculptures sans tête, inspirées de Poupées d’argile traditionnelles du Bengale, sont des symboles d’une féminité maîtrisée et dénuée de pouvoir de décision.
Un élément central de ma démarche artistique est le portrait d’une femme sans visage et une couronne d’épines dessinée sur le bois d’une boîte de fromage Mont d’Or avec un stylo à encre. Ce matériau inattendu, découvert lors de mon bénévolat au Croix-Rouge en distribution alimentaire, le Nœud cassé de ce bois m’a inspiré à créer une œuvre qui interroge les rôles assignés aux femmes dans la société bangladaise. Au Bangladesh, la majorité des femmes sont femmes au foyer et passent beaucoup de temps à préparer les repas pour leur famille, mais souvent sans reconnaissance ni respect.
Mes poupées sans tête reflètent cette réalité, symbolisant la pression sociale pour être une femme idéale, soumise et sans volonté propre. Car pour obtenir des compliments en étant une femme idéale et gentille, il vaut mieux ne pas avoir de pensées propres et être contrôlée par quelqu’un. Mais si on essaie de protester ou de prendre nos décisions, les gens disent que c’est une femme désobéissante. Il y a une seule poupée avec la tête, sans visage et une couronne d’épines. Si vous voulez prendre vos décisions ou essayer de faire quelque chose comme vous le souhaitez, vous devez souffrir, accepter d’être insulté par les autres, et prendre vos responsabilités pour vous protéger.
Pour mes sculptures céramiques, je me suis également inspirée de mon enfance, où jouer avec des poupées était une source de joie. L’argile est le premier matériau de création que j’ai utilisé dans mon enfance. J’ai grandi dans un village et j’y ai fabriqué des poupées et des ustensiles de cuisine pour jouer. On était content quand quelqu’un nous disait « comme une poupée ». Cependant, j’ai réalisé que ce terme n’était pas un compliment, mais plutôt une métaphore de l’assujettissement des femmes.
Un instant poignant de choc émotionnel
Les journaux et la télévision parlent souvent de viols collectifs et de femmes tuées par des violeurs. Nous avons porté plainte à la police, mais le violeur n’a jamais été arrêté ni sanctionné. La femme qui est agressée ou violée est accusée de ses vêtements. Cela devient normal pour nous.
L’idée de mon travail a été profondément influencée par un événement tragique survenu le 16 décembre 2020 au Bangladesh : le viol et le meurtre d’une jeune femme. Cette journée, célébrée comme Jour de la Victoire au Bangladesh, révèle la cruelle ironie de la condition des femmes dans notre société. Si même en ce jour de fête, les femmes ne sont pas en sécurité, quel sens cela donne-t-il à notre victoire ?
Espoir pour l’avenir :
En tant qu’artiste, j’exprime mon manifeste contre le viol et les agressions forcées envers les femmes. J’espère que mes œuvres contribueront à sensibiliser et à inspirer un changement positif. Avec une femme Premier ministre au pouvoir, j’ose croire en un avenir où les femmes bangladaises vivront dans la sécurité et la liberté qu’elles méritent.
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