du Réalisme et de Gustave Courbet
En 2011-2012, lors de ma deuxième année à l’Institut des Beaux-Arts de l’Université de Chittagong, j’ai découvert le mouvement artistique du réalisme au cours d’un cours d’histoire de l’art. C’est à ce moment-là que j’ai découvert les œuvres de Gustave Courbet, un artiste français renommé pour son dévouement à représenter la vie telle qu’elle est, sans embellissement. Son engagement envers le réalisme m’a fasciné et a profondément influencé mon parcours artistique.
En 2018, j’ai participé à un programme de résidence artistique puis étudié à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon (ISBA). Apprendre que Courbet était originaire de cette région et que sa ville natale, Ornans, était à proximité, était enthousiasmant. Ornans, souvent comparée à une petite Venise avec ses canaux et sa beauté naturelle, a inspiré de nombreux paysages de Courbet. Visiter le Musée Gustave Courbet et son atelier à Ornans fut une expérience profonde. J’ai également eu l’opportunité de voir d’importantes collections de ses œuvres au Musée des Beaux-Arts de Besançon, au Musée d’Orsay à Paris et au Musée Fabre à Montpellier.
Initialement, l’art hyperréaliste de Courbet m’a captivé par son attrait visuel. Cependant, en approfondissant mes recherches, j’ai réalisé que ses œuvres n’étaient pas seulement visuellement réalistes, mais également une manifestation profonde des réalités sociétales de son époque.
Réflexion sur la Responsabilité Artistique
Dans un texte que j’ai écrit le 15 octobre 2019, j’ai lutté avec des pensées profondément personnelles et chaotiques sur le rôle de l’artiste dans la société :
« En tant qu’étudiant en art, je me demande souvent : Quelle est la responsabilité de l’artiste envers la société ou l’État ? Y a-t-il une responsabilité quelconque ? Si oui, à quel point la pratiquons-nous, ou même la réalisons-nous ? À mon avis, les artistes devraient protester contre les incohérences sociales, politiques et économiques ou divers problèmes d’un pays. De la famine, le mouvement linguistique, la guerre d’indépendance aux mouvements anti-autoritaires – où les artistes n’ont-ils pas contribué ? Malheureusement, à l’heure actuelle, personne ne semble avoir le courage d’aborder les divers problèmes du pays. Les artistes semblent confinés dans le petit espace de leurs ateliers, se concentrant sur leurs bénéfices personnels. Pas de temps pour penser au pays, à la société et aux gens. Ou peut-être ne veulent-ils pas penser, ou manquent-ils de courage pour réfléchir à ces questions. »
Lors d’une visite au musée dans le cadre d’un atelier, j’ai observé une femme guidant des touristes à travers des œuvres célèbres. Elle expliquait avec enthousiasme « L’Hallali du cerf » de Courbet. Bien que j’aie vu ce tableau plusieurs fois auparavant et admiré ses détails, ce jour-là, j’ai ressenti le besoin de m’en échapper. Alors que tout le monde discutait de la violence représentée – les 22 chiens tuant un cerf, le maître à cheval les fouettant – je voyais les visages dans le tableau se transformer en quelque chose de plus violent, reflétant les réalités sociétales actuelles.
J’ai demandé à un ami de créer un dessin similaire à ce tableau, mais il avait peur. La peur de représenter le véritable scénario de notre pays et de sa situation politique – est-ce là l’image d’un État démocratique ? Où personne n’a la liberté d’expression, et la peur de la mort plane, nous mourons mille fois chaque jour.
La Situation Actuelle au Bangladesh
Depuis le 14 décembre 1971, ma patrie a perdu de nombreux intellectuels héroïques. Aujourd’hui, la douleur de leur perte est aggravée par la présence d’individus éduqués qui perpétuent l’injustice et l’anarchie. Les paysans, ouvriers et travailleurs semi-éduqués et non-éduqués des villages semblent posséder plus d’humanité et de moralité que ces soi-disant élites éduquées.
La mort tragique d’Abrar Fahad à BUET en 2019 a souligné les dangers auxquels les étudiants sont confrontés lorsqu’ils s’expriment contre l’injustice. Aujourd’hui, la situation reste sombre, avec des groupes terroristes comme la Chatra League, soutenus par le gouvernement et la police, attaquant des étudiants dans toutes les universités. Le 15 juillet 2024, nous nous trouvons dans la même situation désespérée, avec des milliers d’étudiants attaqués par la Chatra League et la police, soutenus par le gouvernement.
L’Exode des Talents et l’Avenir Incertain
Il fut un temps où les étudiants bangladais qui étudiaient à l’étranger revenaient pour contribuer à leur pays. Cependant, aujourd’hui, 99 % des étudiants bangladais cherchent toute opportunité de quitter définitivement le pays. Cette fuite des cerveaux est alarmante, car la nation perd ses esprits les plus brillants à cause d’un climat de peur et de répression.
Une éducation qui n’enseigne pas l’humanité et la moralité, mais qui promeut plutôt l’anarchie et l’injustice, n’est pas une éducation du tout. Le climat actuel au Bangladesh, où les étudiants sont terrorisés et où la liberté d’expression est étouffée, brosse un tableau sombre de notre avenir.
En tant qu’artistes, nous devons nous interroger sur notre rôle et notre responsabilité en ces temps tumultueux. Inspirés par le dévouement de Courbet à représenter les réalités sociétales, nous devons nous efforcer de refléter et de défier les injustices qui nous entourent, malgré les risques. Notre silence ne fait que perpétuer la violence et la répression qui menacent d’engloutir notre société.
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